La révolution tunisienne n'a pas fait que destituer la dictature au pouvoir absolu. Ou, plutôt en le faisant, a fait bouger les frontières du possible dans les zones de pensée jadis interdites ou bouchées ou monopolisées. Ni la masse, ni les experts ni les intéressés eux-mêmes n'avaient poids et opinion. Or le développement des richesses tire sa pertinence de la richesse des opinions, de la participation des publics aux débats. Un apprentissage à organiser et accompagner par les gouvernants de quelques horizons et chapelles ils pourraient appartenir. L’éducation représente et détermine, sans doute, le pilier du développement le plus porteur de la société. L’enseignant y occupe une place centrale.
Il convient dès lors de réfléchir sur les nouvelles missions de l’enseignant dans la tourmente des changements qui s’imposent à nos sociétés en ce début de millénaire. Nous pouvons déjà prétendre que l’enseignant en tant que source exclusive et monopolistique du savoir a vécu. Qu’en tant que ‘’donneur de cours’’ ou ‘’redresseur de torts’’, il ne suffit plus. Que le métier a changé sans que l’enseignant lui soit donné d’accompagner ces changements ni même, à la base, de se former aux préceptes de ce métier. L’enseignant, affaibli par les plaies ouvertes et ignorées, décroche souvent sans broncher, se retire de ses convictions et de ses champs de batailles pour assurer sa survie. Les liens avec l’apprenant s’effilochent et du coup, non seulement il ne sert plus de modèle, il devient, dans bien des cas, l’anti-modèle sur qui toutes les violences culminent et se déchainent.
Il convient de réfléchir et, avant cela, de diagnostiquer les défaillances flagrantes (75%) qui font le consensus et dont le redressement permet de renflouer le système et de le remettre à l’eau. Les défaillances flagrantes sont notamment :
- La faible capacité stratégique de l’Etat et, plus généralement, l’absence de vision sociale et civilisationnelle globale du système, qui se traduit par La rupture entre système éducatif et société, discontinuité entre les différents cycles du système,
- L’absence ou la dévalorisation des sciences de l’éducation et des institutions spécialisées censées encadrer le métier et les activités de recherche pouvant assurer son développement,
- L’intrusion (forte) des intérêts extra-pédagogiques dans les activités éducatives (matériels, commerciaux, politiques…) à l’origine des distorsions majeurs dans le système éducatif tunisien,
- Le centralisme exacerbé de la gouvernance malgré les apparences et même les textes. L’Etat gère là où il doit réguler et verrouille là o ! il doit libérer et accompagner. Il finance souvent les gaspillages et se retire des secteurs et zones là où sa présence est stratégique.
- L’opacité des modes de recrutement à tous les niveaux.
- La vétusté de l’infrastructure et des équipements et la disparité des moyens entre les institutions éducatives dans les régions…
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