Il y a quelques mois, la Grèce était en ébullition. On n’a presque rien vu. A Athènes l’explosion de violence et l’absence de messages cohérents et mobilisateurs n’a pas attiré l’attention et encore moins la sympathie. Le gouvernement – socialiste – a su profiter de l’effet surprise pour effrayer l’UE qui a mis la main à la poche.
Surtout, le printemps arabe n’était encore qu’un long et lugubre hiver sibérien.
Aujourd’hui, et depuis le 15 mai, l’Espagne bouge. Les images et vidéos qui défilent sur la toile ont un air de déjà vu et vécu. Elles nous touchent et on veut savoir. On a même vu des drapeaux tunisiens devenus des étendards porte-bonheur pour les jeunes qui campent à la puerta del sol. Que veulent-ils ces espagnols aux allures de nantis ?. Pourquoi s’identifient-ils à la jeunesse tunisienne qui vient de surprendre le monde en début de millénaire, à une époque où l’on peut rêver de tout excepté de révolutions et de révolutionnaires ?.
L’initiateur : ''Democracia Real Ya!'', DRY , se défend d'être un parti politique et ne compte pas le devenir. Elle se définit, dans le langage branché, comme une plate forme ‘’apartidista’’ et ‘’asindical’’ (bientôt traduisible dans les autres langues européennes) voulant signifier : en dehors du système politico-syndical qui régente la vie publique depuis que la démocratie est système. Il y a un demi siècle on les aurait appelés des anarchistes, aujourd'hui ils se réclament de la citoyenneté.
Son manifesto ?. Lisez plutôt: '' nous les chômeurs, les mal rémunérés, les précarisés, les jeunes nous voulons un changement et un avenir digne. Nous en avons assez des réformes antisociales qui nous jettent au chômage, des banques qui ont provoqué la crise et qui nous imposent les hypothèques ou occupent nos logements, de nous imposer des lois qui limitent notre liberté au profit des plus puissants. Nous accusons les pouvoirs politiques et économiques d'être responsables de notre situation précaire et éxigeons un changement de cap. Grâce à cette plate forme nous voulons aider à coordonner une action globale et commune entre les associations, groupes et mouvements citoyens qui, à travers des voies distinctes ont l'intention de faire en sorte que la situation change''.
Notre slogan sera: ''Democracia Real Ya!'': Nous ''exigeons une démocratie véritable… maintenant''. ''Nous ne sommes pas une marchandise entre les mains des politiciens et des banquiers (No somos mercancía en manos de políticos y banqueros) ''.
Qui n’est pas tenté de rapprocher les deux mouvements populaires ?. Il est vrai que
les différences entre les trames historiques, politiques et socioéconomiques de chacune des deux situations sont indiscutables car, pour la plus part, évidentes. Il est vrai aussi que les indicateurs de l’OCDE, des N.U, de la BM et de toutes les chapelles de l’ordre économique mondial donnaient la Tunisie comme l’élève modèle (le miracle tunisien disait l’autre) et l’Espagne comme la jeune démocratie à l’économie dynamique et jusqu’à récemment saine. Chercher l’erreur.
En principe, mondialisation oblige, rien de ce que revendiquent les ‘’mo3tassimin’’ (acampadas) espagnols de la puerta del sol ne soit étranger aux revendications originelles de la jeunesse de sidi bouzid, de kasserine et du kef. Rien de ce que les espagnols à travers DRY exigent qui ne puisse l’être par les populations précarisées de ces régions et plus généralement de toutes les contrées de Tunisie.
‘’apartidista’’ et ‘’asindical’’ ?. La révolution tunisienne spontanée et pacifique pouvait-elle ne pas se donner corps et âme à un système politique aux contours encore flous et aux intentions hypothétiques. Une promesse de système. Promesse que les espagnols nous disent qu’elle ne sera pas tenue. Parole d’experts.
Alors que la révolution tunisienne a été catalysée par une véritable plate forme facebook et que la jeunesse inventait de nouvelles manières de mobiliser, de porter des projets et d’animer la vie politique et citoyenne, les caciques d’un autre siècle ont réussi à l’embobiner, à la récupérer et appâter. Silence on combine. Repassez, la révolution citoyenne, ce sera pour une autre fois. Inchallah.
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