lundi 2 avril 2012

Une vision de développement pour ELKEF: Premières idées pour ne pas rater la fenêtre de tir.


La région du Kef a vécu plus d’un demi siècle de marginalisation méthodique et systématique dont il conviendrait de juger, pour crimes économiques majeurs, les instigateurs et les relais. Elle n’a pas été la seule à en souffrir et en garder les stigmates. Il n’est point besoin de diagnostics d’experts pour relever les défaillances flagrantes qui maintiennent encore un cercle vicieux bloquant toute activité significative de développement socio économique et culturel. Il en faudra, par contre, pour inventorier les richesses humaines et naturelles dont regorge la région. Ou ce qu’il en reste après une hémorragie forcée qui a trop duré. Le flux migratoire qui a vidé la région de ses populations actives a privé El Kef  de ses ingénieurs, médecins, intellectuels, artistes, éducateurs et bien d’autres…Les derniers à partir sont les jeunes agriculteurs pourtant si attachés à la terre et aux racines.
Quel honneur pour ceux qui sont restés, et quelle dette pour ceux qui sont partis.
La révolution a été la ‘nuit du destin’ pour la Tunisie et surtout pour ses régions sinistrées. Elle peut, pourtant, en rester là : une nuit de lamentations et de vœux pieux. Elle ne pourra se transformer en une opportunité historique unique qu’à trois conditions : i) Que les revendications de  portées par les jeunes de la Tunisie profonde  ‘’ liberté, dignité’ soient les valeurs clefs qui rassemblent les keffois au-delà et en dépit des bruits et tintamarres de la politique nationale encore en ré-éducation. ii) Que, forte de ce qui l’unit et la rassemble, la région  se prenne vigoureusement en charge et adopte la posture du travail et du dévouement, deux autres valeurs séculaires desquelles ils ont  failli nous dégoûter. Il n'y a pas de régions qui ont le monopole de l'intelligence et le labeur, il y a une page d'histoire de privillèges à tourner à jamais. iii) Que, tout en répondant aux urgences  et à la pression du court terme, le développement de la région soit mis en perspective d’une ambition possible; non pas pour une économie de rattrapage ou de revanche, mais pour une économie conquérante du 21ème siècle digne de la Tunisie que nous aimons tant et que nous aimerons désormais encore plus fort à travers le développement de nos régions.  


Bien que devant se prendre en charge, la région a besoin de locomotives internationales qui lui donnent l’élan et l’aident à se remettre sur les rails. On y reviendra.
Pour réussir, les keffois devraient se mettre dans une logique d’exception politique. Dans tout ce qu’ils vont entreprendre, il est fondamental de concevoir la politique locale radicalement différemment de ce qui se fait à Tunis. Dans la démocratie locale, c’est l’intérêt de la population et non celui des partis ou des lobbys qui est au centre de toute décision ou action. Les keffois comprendront vite qu’ils ont à gagner à mettre en avant les objectifs du développement de leur région… et de les réaliser ensemble.

Pour le modèle de développement lui-même, il n’est point besoin d'être spécialiste pour remarquer que :
-          Le seul modèle qui vaille est celui qui met le bien-être de la population - présente et à venir -  au centre du processus de développement. Maintenant, pour  la complexité du terrain, ce sont les experts de terrain qui statuent sur les approches. Ainsi, à titre d’exemple, le valeur du ‘travail’ doit remplacer l'idée de ‘l’emploi’ au sens limité du terme. Le travail englobe des activités humaines bien plus larges qui ne sont pas prises en compte par le modèle classique. Les services pour la collectivité, les services de proximité pour les personnes dépendantes, les activités d’animation de quartiers et de rues, de loisirs, d’éducation ouverte, d’embellissement de l’environnement de la cité…              
-          Le tourisme est une activité économique de service qui a trop longtemps été taillée sur mesure autour du tiercé sable-mer-soleil. Il n’a pas évolué et l’industrie touristique était en berne bien avant la révolution. L’activité touristique devrait se concevoir autour de nouveaux concepts et besoins aussi bien de la population locale que des étrangers. Nature-culture-Air pur pourrait bien aller avec des régions, paradoxalement, non encore polluées et disposant d’un patrimoine naturel et culturel encore en friche.  Il serait d’autant plus porteur que les besoins des clients aussi bien du nord que du sud  sont en croissance exponentielle car ces denrées se font de plus en plus rares. Ajoutons que la région pourrait se mettre en position privilégiée sur la niche du tourisme de santé et avoir, de droit, son Hôpital hospitalo-universitaire notamment dans les spécialités de médecine naturelle, cardiovasculaire ...nécessitant de longues convalescences.
-          L’industrie agroalimentaire n’aurait jamais dû élire domicile ailleurs que dans les régions du NO. Il en a été autrement pour plusieurs raisons dont surtout l’absence de politique volontariste et de l’environnement matériel et immatériel propice. Cette industrie est le prolongement de l’activité de production agricole, vocation première de la région,
-           La production agricole, dans laquelle les deux régimes ont confiné le NO,  a subi une calamité nationale qui a duré, et dure encore, depuis plus de 50 ans. Les experts diront les raisons. Mais les agriculteurs et fils d’agriculteurs savent que l’Etat n’a pas investi un millime dans l’agriculture et a abandonné le secteur à un tête-à-tête déséquilibré avec une banque, vorace certes, mais surtout embourbée dans la corruption jusqu’au cou. Concevoir la reconversion de l’économie régionale en dehors de ce secteur serait une erreur stratégique fatale, à une époque où l’agriculture biologique - adossée à la biotechnologie en plein essor-  est cotée dans les places boursières mondiales. L’investissement dans l’agriculture performante et biologique  doit passer par le développement de la recherche appliquée dans les biotechnologies rouge et verte  pour lesquelles la région doit être une place forte de rayonnement international.
-          La région a un sol dont les richesses (solides, liquides) n’ont pas profité de campagnes d’exploration systématique et sérieuse depuis l’époque coloniale. Les technologies d’exploration d’aujourd’hui donneront presque sûrement de bonnes surprises. Il faudrait le faire d’une manière qui préserve l’environnement et l’intérêt de nos petits enfants.
-          Jusque là, il s’agit de rattraper le chemin que la région  a été empêchée de faire. Mais cela doit être  le socle qui prépare l’avenir de la région : l’économie fondée sur le savoir. La région comme le pays, ne pourra s’en sortir vraiment que par la création de la valeur. Aussi bien dans l’économie fondée sur les ressources naturelles que dans l’économie du savoir. La haute valeur ajoutée ne pourra être générée que par la recherche et l’innovation. Une nouvelle génération de centres de recherche et d’établissements d’éducation et d’enseignement supérieur doit être implantée dans la région donnant une occasion de corriger les défaillances connues de la génération de l’indépendance; en même temps que se mettra en place à l’échelle locale et nationale un vrai Système National d’Innovation dont l’ultime objectif est de piloter la politique de développement durable.
-     Les TIC devraient traverser tous les secteurs d'activités économiques de la région: agricoles, industriels ou de service. Elles seront l'un des vecteurs principaus, avec la biotechnologie,  de l'essor économique de la région. Elles peuvent surtout porter la production culturelle et éducative si riche et prisée de la région ( et de la Tunisie) d'une activité exotique locale au statut d'une véritable industrie du contenu aux conséquences économiques incalculables.


Pour mettre la région sur les rails de la concrétisation d’une vision, il faudrait notamment:
i)          Une prise en charge politique aussi bien locale que nationale soutenue par une société civile fortement impliquée,
ii)        Un réseau de compétences nationales et internationales mobilisées autour du Projet de la région,
iii)      Un appui budgétaire long terme (25 ans) de l’Etat pour financer les grands projets d’infrastructure participant à l’installation de l’environnement propice préalable à la transformation escomptée et à l’attraction d’activités et d’investissements majeurs dans la région.
iv)      Une gouvernance moderne et transparente fondée sur l’approche projet et capitalisant sur la formation des ressources humaines de la région.
v)        Une démarche systémique dans l’analyse de la situation et la conception des solutions complètes seule capable de transformer l’économie régionale avec efficience.
vi)      Une coopération solidaire adossant le Projet à l’expérience et l’appui de régions développées qui seraient jumelées avec El Kef, pour conduire dans le cadre de collaboration stratégique pour implémenter l’essentiel de la vision établie et retenue. (Pays bas, Allemagne, Chine, …).
vii)  La création d'un Pôle Universitaire et Entrepreneurial d'Excellence en cohérence avec les nouvelles vision et vocation de la région.


dimanche 25 décembre 2011

Les nouvelles missions de l'enseignant.


La révolution tunisienne n'a pas fait que destituer la dictature au pouvoir absolu. Ou, plutôt en le faisant, a fait bouger les frontières du possible dans les zones de pensée jadis interdites ou bouchées ou monopolisées. Ni la masse, ni les experts ni les intéressés eux-mêmes n'avaient poids et opinion. Or le développement des richesses tire sa pertinence de la richesse des opinions, de la participation des publics aux débats. Un apprentissage à organiser et accompagner par les gouvernants de quelques horizons et chapelles ils pourraient appartenir. L’éducation représente et détermine, sans doute, le pilier du développement le plus porteur de la société. L’enseignant  y occupe une place centrale.
Il convient dès lors de réfléchir sur les nouvelles missions de l’enseignant dans la tourmente des changements qui  s’imposent à nos sociétés en ce début de millénaire. Nous pouvons déjà prétendre que l’enseignant en tant que source exclusive et monopolistique du savoir a vécu. Qu’en tant que ‘’donneur de cours’’ ou ‘’redresseur de torts’’, il  ne suffit plus. Que le métier a changé sans que l’enseignant lui soit donné d’accompagner ces changements ni même, à la base, de se former aux  préceptes de ce métier. L’enseignant, affaibli par les plaies ouvertes et ignorées, décroche souvent sans broncher, se retire de ses convictions et de ses champs de batailles pour assurer sa survie. Les liens avec l’apprenant s’effilochent et  du coup, non seulement il ne sert plus de modèle, il devient, dans bien des cas, l’anti-modèle sur qui toutes les violences culminent et se déchainent.
Il convient de réfléchir et, avant cela, de diagnostiquer  les défaillances flagrantes (75%) qui font le consensus et dont le redressement permet de renflouer le système et de le remettre à l’eau. Les défaillances flagrantes sont notamment :
  1.  La faible capacité stratégique de l’Etat et, plus généralement, l’absence de vision sociale et civilisationnelle globale du système, qui se traduit par La rupture entre système éducatif et société, discontinuité entre les différents cycles du système,
  1. L’absence ou la dévalorisation des sciences de l’éducation et des institutions spécialisées censées encadrer le métier et les activités de recherche pouvant assurer son développement,
  2. L’intrusion (forte) des intérêts extra-pédagogiques dans les activités éducatives (matériels, commerciaux, politiques…) à l’origine des distorsions majeurs dans le système éducatif tunisien,
  3. Le centralisme exacerbé de la gouvernance malgré les apparences et même les textes. L’Etat gère là où il doit réguler et verrouille là o ! il doit libérer et accompagner.   Il finance souvent les gaspillages et se retire des secteurs et zones là où sa présence est stratégique.
  4. L’opacité des modes de recrutement à tous les niveaux.
  5. La vétusté de l’infrastructure et des équipements et la disparité des moyens entre les institutions éducatives dans les régions… 

25.12.2011: Les nouvelles missions de l'enseignant.


La révolution tunisienne n'a pas fait que destituer la dictature au pouvoir absolu. Ou, plutôt en le faisant, a fait bouger les frontières du possible dans les zones de pensée jadis interdites ou bouchées ou monopolisées. Ni la masse, ni les experts ni les intéressés eux-mêmes n'avaient poids et opinion. Or le développement des richesses tire sa pertinence de la richesse des opinions, de la participation des publics aux débats. Un apprentissage à organiser et accompagner par les gouvernants de quelques horizons et chapelles ils pourraient appartenir. L’éducation représente et détermine, sans doute, le pilier du développement le plus porteur de la société. L’enseignant  y occupe une place centrale.
Il convient dès lors de réfléchir sur les nouvelles missions de l’enseignant dans la tourmente des changements qui  s’imposent à nos sociétés en ce début de millénaire. Nous pouvons déjà prétendre que l’enseignant en tant que source exclusive et monopolistique du savoir a vécu. Qu’en tant que ‘’donneur de cours’’ ou ‘’redresseur de torts’’, il  ne suffit plus. Que le métier a changé sans que l’enseignant lui soit donné d’accompagner ces changements ni même, à la base, de se former aux  préceptes de ce métier. L’enseignant, affaibli par les plaies ouvertes et ignorées, décroche souvent sans broncher, se retire de ses convictions et de ses champs de batailles pour assurer sa survie. Les liens avec l’apprenant s’effilochent et  du coup, non seulement il ne sert plus de modèle, il devient, dans bien des cas, l’anti-modèle sur qui toutes les violences culminent et se déchainent.
Il convient de réfléchir et, avant cela, de diagnostiquer  les défaillances flagrantes (75%) qui font le consensus et dont le redressement permet de renflouer le système et de le remettre à l’eau. Les défaillances flagrantes sont notamment :
  1.  La faible capacité stratégique de l’Etat et, plus généralement, l’absence de vision sociale et civilisationnelle globale du système, qui se traduit par La rupture entre système éducatif et société, discontinuité entre les différents cycles du système,
  1. L’absence ou la dévalorisation des sciences de l’éducation et des institutions spécialisées censées encadrer le métier et les activités de recherche pouvant assurer son développement,
  2. L’intrusion (forte) des intérêts extra-pédagogiques dans les activités éducatives (matériels, commerciaux, politiques…) à l’origine des distorsions majeurs dans le système éducatif tunisien,
  3. Le centralisme exacerbé de la gouvernance malgré les apparences et même les textes. L’Etat gère là où il doit réguler et verrouille là o ! il doit libérer et accompagner.   Il finance souvent les gaspillages et se retire des secteurs et zones là où sa présence est stratégique.
  4. L’opacité des modes de recrutement à tous les niveaux.
  5. La vétusté de l’infrastructure et des équipements et la disparité des moyens entre les institutions éducatives dans les régions… 

samedi 24 décembre 2011

Notre système éducatif: des éléments pour le chantier.

La réflexion sur le système éducatif ne concerne pas seulement les éducateurs ou l'administration. Elle concerne aussi les ''apprenants'' et leurs parents ainsi que les bailleurs de fonds (contribuables) et leur représentation démocratique. Sur des problèmes de fond touchant les libertés ou l'avenir, toute la société est concernée. Toutefois, il y a à constater que:

1. les pratiques pédagogiques et managériales liées à l'institution éducative sont parmi celles qui ont été les moins sensibles aux transformations apportées par les nouvelles technologies de communication et de collaboration qui font partie pourtant du quotidien d'une bonne partie des familles tunisiennes. L'école aurait pu contribuer à les offrir intelligemment à ceux qui n'en disposent pas.

2. Le temps politique est très différent du temps de l'éducation. Malgré cela, l'institution éducative a toujours été la cible des (mauvais) prophètes de l'idéologie et du sacré. Ceux qui veulent semer les graines de l'embrigadement. Pourtant, l'école est d'abord l'école de la créativité et du libre arbitre, tous deux antinomiques à l'endoctrinement. Un consensus est admis dans les sociétés hautement organisées, l'école doit être soustraite aux tiraillements idéologiques et doit cultiver les valeurs universelles consensuelles qui traversent les générations et se projeter dans l'avenir commun de la nation.

3. L'école, et plus généralement l'éducation, façonne les ressources humaines appelées à alimenter les capacités nationales d'innovation qui sont presque les seuls à déterminer la compétitivité de l'économie et de la qualité de la société. Par conséquent, l'école en prolongement de la famille et en renfort de la société, doit se préoccuper non seulement de la connaissance (elle n'en est plus l'unique (res)source) mais de capacité d'auto-apprentissage, de créativité et d'initiative entrepreneuriale. Désormais ces aptitudes personnelles intéressent la cité au moins autant que les connaissances elles-mêmes.

4. 75% des changements exigés dans la posture de l'école et des éducateurs ne coûtent presque rien. matériellement. Ce qui coûtera c'est la modernisation des processus supports qui seront appelés à administrer l'école tunisienne. Des responsables bien formés aux pratiques actuelles du management de structures et programmes, des équipements, des conditions favorables. Il faudrait simuler une école moyenne travaillant selon un programme et des normes reconnus, chiffrer les coûts et calibrer les compétences et profils des responsables qui veilleront à leur bon fonctionnement. Ce n'est pas une révolution, c'est une simple mise à jour.

5. L'enseignement est un métier. Il ne l'est plus. Il a été procédé à la suppression des écoles normales et autres institutions spécialisées qui préparaient à ce métier. Une stupidité parmi d'autres, à rattraper. Une fois les référentiels de ce métier rétablis, il y a lieu de respecter et payer en retour le seul métier de la société qui prépare son avenir

samedi 26 novembre 2011

Vers un Système Educatif Global et Citoyen: Horizon 2020. I: Méthodologie

Dans une réflexion globale aussi complexe, la démarche systémique est la plus appropriée. Définir les contours du système (la fusée avec ses différents étages), l'objectif à atteindre (insertion des diplômés et création de la valeur) et les mécanismes de gouvernance qui produisent de la synergie entre les composantes du système ( y compris la société civile ayant droit de regard). La méthodologie pourrait partir de l'ultime objectif du système de formation: ''insertion dans la vie active et citoyenne des apprenants'' en discutant à partir de l'étage supérieur de la fusée, le supérieur. Ensuite, les prérequis des trois autres étages, le secondaire, le primaire et la maternelle. Sans oublier une ligne transversale qui traverse tous les étages: la créativité, l'innovation et l'initiative entrepreneuriale. Cette façon de démonter et remonter le système nous fait gagner bp de temps et accélère la convergence sur l'essentiel. Les questions qui déterminent la vision du système sont: i) Quels types de compétences et aptitudes des diplômés pour la génération qui conduira les affaires de la Tunisie libre et démocratique de 2035-2040?'', ii) quels sont les déterminants de l'insertion de l'institution éducative dans la logique de citoyenneté? et son corollaire, le regard de la société sur les prestations de services de l'institution, iii) les passerelles pédagogiques et professionnelles entre les différents étages. Il faudrait évoquer bien sûr les questions qui fâchent et notamment: l'école de la république, le financement de l'enseignement et les équilibres régionaux du système de formation. Vaste mais incontournable pour nos enfants et petits enfants.

vendredi 4 novembre 2011

Eclairages sur le Système National d'Innovation tunisien.

Que l’entreprise soit placée sur un marché fortement concurrentiel ou sur un marché en déclin, l’option est toujours la même: innover ou disparaître. En effet, l’innovation permet à l’entreprise de préparer son futur en recherchant les produits qui prendront la succession des biens et des services qui génèrent son chiffre d’affaires actuel. La fonction RDI apparaît alors comme une fonction essentielle pour les entreprises qui veulent rester dans la course. Reste à savoir  comment mettre en place le processus d’innovation au sein de nos entreprises. La fertilisation croisée entre universités et entreprises est une des pistes à creuser. Dans l’entretien suivant, M. Bahri Rezig, Directeur Général de l’Agence Nationale de Promotion de la Recherche Scientifique (ANPR) se penche sur la question en analysant profondément l’évolution de la Recherche scientifique en Tunisie et plus particulièrement la Recherche Appliquée dont le développement est, selon lui, une nécessité absolue et un préalable incontournable pour la mise en place du Système National d'Innovation. Le lancement du Projet d’Appui au Système de Recherche et Innovation (PASRI), le 12 Octobre 2011, vient à point nommé et constitue une excellente opportunité pour renforcer notre SNI. Entretien. 

La Revue de l’Entreprise: L’innovation est une arme stratégique majeure pour assurer le développement de l’entreprise. Cependant, sa promotion dépend de celle de la Recherche scientifique et plus particulièrement la Recherche Appliquée. Où sommes-nous dans ce domaine? Comment les activités de Recherche ont-elles évolué depuis l’indépendance jusqu’à nos jours? Quelles sont les forces et les faiblesses de la Recherche Scientifique en Tunisie?

M. Bahri Rezig: En tant que structure économique, l’entreprise existe tant qu’elle produit de la valeur. Elle n’est viable que lorsqu’elle intègre l’innovation comme mode de production lui permettant de produire, via un processus fiable et reproductible, de la haute valeur ajoutée. Elle doit donc se donner les moyens pour disposer des capacités de R&DI. Certains de ces moyens sont développés en partenariat avec la recherche universitaire (notamment la Recherche Appliquée). L’histoire contemporaine de la recherche universitaire, en Tunisie, peut être contée en quatre épisodes:
􀀿 La période coloniale pendant laquelle la recherche publique était effectuée notamment dans l’agronomie et la santé et était entièrement dédiée aux besoins d’adaptation des colons aux spécificités du pays pour en sortir le meilleur et y rester le plus longtemps possible (l’INAT, l’INRAT, l’IPT, etc.).
􀀿 Un épisode qui s’étale jusqu’au début des années 90 pendant lequel l’activité de recherche était réalisée de la seule initiative des enseignants universitaires. Des équipes se sont ainsi constituées et des équipements acquis par des «patrons», en général, de leur seule initiative personnelle et grâce à leurs motivation et tempérament de Leadership dans leurs disciplines respectives. La création de l’INRST (Borj Cedria, 1983) pouvait laisser croire qu’une recherche appliquée tournée vers le développement allait voir le jour. Si la volonté y était, un contexte hostile et des difficultés administratives n’y ont pas aidé.
􀀿 Un troisième épisode débute avec la création inédite, en 1992, d’un Secrétariat d’Etat dédié à la Recherche et l’adoption, en 1996, de la loi organique donnant un statut juridique aux activités de recherche et de développement technologique universitaires. Suivra alors un réveil institutionnel qui va induire:
a) l’organisation de la recherche dans des laboratoires et des unités devenus des lieux de synergies et d’inventai-res des ressources humaines et matérielles, b) l’introduction d’une instance nationale d’évaluation des activités, des structures et des projets de recherche et c) la création d’un grand nombre de centres de recher-che thématique tournés vers la Recherche/Développement.
􀀿 Un quatrième épisode débute vers les années 2000 par la création d’écoles doctorales, de structures de transfert comme les technopôles, les pépinières d’entreprises et les programmes de R&D dédiés à la valori-sation des résultats de la recherche (VRR) et à la recherche partenariale (PNRI) sous la tutelle du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Cette décade a également vu la promulgation d’un ensemble de textes juridiques réglementant la propriété intellectuelle. Enfin, en 2008, le dispositif fût complété par la création de l’Agence Nationale de Promotion de la Recherche Scientifique (2008), première institution ayant le statut d’EPST.
Observé avec le recul, ce parcours s’inscrit dans la ligne d’une évolution naturelle d’un secteur qui a ses pesanteurs et ses coups de génie. En attendant de vraies assises nationales qui en feront le bilan, on peut tenter de résumer ses forces et ses faiblesses:
  • Du point de vue niveau et productivité, la recherche tunisienne mesurée en Décembre 2010 par Thomson Reuters, un géant de l’informa-tion scientifique, en termes d’articles scientifiques publiés dans les revues internationales, est en bonne santé et se place très favorablement dans le pool des géants de l’Afrique (l’Egypte et l’Afrique du Sud). Cette recherche n’a cessé, depuis la création de l’université tunisienne (milieu des années 60), d’assumer sa mission de formation des formateurs et hauts cadres du pays. La recherche a de même pratiqué un partenariat avec les acteurs socioéconomiques alors que, au-delà des discours, rien ne l’y obligeait, ni ne le lui reconnaissait
  • Quant aux faiblesses de la recherche appliquée, elles sont systémiques et ne peuvent être appréciées en dehors de la politique industrielle du gouvernement et même sa politique de développement. En simplifiant, nous pouvons relever les trois défaillances systémiques suivantes:
􀀿 Les pesanteurs qui engourdissent l’initiative et la créativité (barrières administratives, freins pour absence de statuts adéquats des métiers et des structures, travail collaboratif et interfacial, etc.).
􀀿 La faible implication des sciences molles (humaines, sociales, etc.) dans la R&DI (vitales pour la richesse et la diversification de l’économie et la valorisation de la recherche).
􀀿 La faible capacité stratégique des entreprises dont le corollaire est le faible niveau d’investissement privé dans la R&DI.


La Revue de l’Entreprise: Si l’on consent que le développement de la Recherche Appliquée, en Tunisie, est une nécessité absolue, comment se présente, selon vous, le schéma de ce développement tant souhaité?

M. Bahri Rezig: Le développement de la recherche appliquée dépend de l’objectif assigné au secteur de la recherche et à l’université. Si la production de la science et la technologie doit avoir des retombées économiques significatives sur le citoyen tunisien, alors tout doit être fait pour faciliter l’insertion de ce secteur dans la logique socioéconomique par le biais du système national d’innovation. La bulle universitaire doit laisser la place à une université citoyenne, ouverte et efficiente (le premier vecteur de l’innovation est le diplômé de l’université). Dans cette vision, la recherche devrait faire l’objet d’un consensus républicain, autant que tout autre question de développement qui interpelle la société et détermine son devenir. On peut donner les mots clés d’un schéma de développement de la recherche et notamment la R&DI qui recouvre, en fait, la stratégie de l’Agence Nationale de Promotion de la Recherche. Celle-ci est construite autour de trois axes systémiques:
􀀿 La professionnalisation des activités et des structures de recherche et l’installation des standards et pratiques reconnus (introduction du management moderne, des métiers de la recherche et de l’innovation aux statuts adéquats).
􀀿 L’élimination des barrières à la valorisation et le développement de solutions complètes au bénéfice de l’entreprise.
􀀿 La stimulation de la demande en Recherche/Développement/Innovation (par le milieu socioéconomique)
et l’amélioration de la cohérence de l’offre (rationalisation et optimisation des ressources de la recherche). Cela dit, un quatrième axe transversal doit être développé, en l’occurrence la préparation de l’avenir: prospective et feuilles de route dans tous les secteurs de l’économie. Par ailleurs, trois autres axes de «moyens» et de mise en oeuvre sont réalisés en soutien: a) Développement de la communication et amélioration de la lisibilité, aussi bien des ressources et capacités de la recherche que de l’entreprise; b) Création des structures et instruments adéquats, notamment d’interfaçage, de réseautage et de financement, ayant des statuts et des moyens adéquats; c) Développement des services de soutien et d’accompagnement des projets provenant soit de la valorisation des résultats, soit de la coopération nationale et internationale.


La Revue de l’Entreprise: Selon vous, comment peut-on consolider les liens entre «la chaîne centrale d’innovation» et le «champ de la science»?

M. Bahri Rezig:  Il faudrait partir de quelques idées largement admises:
􀀿 L’innovation part du marché (en tant que besoin réel ou potentiel) et revient au marché (en tant que solution compétitive). Dans le concept de l’innovation, il y a donc obligatoirement la tâche de commercialisation ou, du moins, d’exploitation.
􀀿 Le creuset naturel de la mise en oeuvre de l’innovation est l’entreprise… une chaîne ou un processus piloté par un Système dit de Management de l’Innovation. Pour simplifier, le SMI doit s’assurer, en permanence, que l’innovation est devenue un mode de production et non une procédure et des structures «en plus» ou «à côté» des autres fonctions de l’entreprise. L’idéal est que le SMI devienne le Système de Management tout court.
􀀿 Au cas où l’entreprise adopte une stratégie conquérante, elle a besoin de produire la haute, voire la très haute valeur ajoutée, et de préparer l’avenir. Il lui faudra, pour ce faire, développer un partenariat durable avec les laboratoires performants dans la spécialité.
􀀿 Un bon laboratoire accumule, au cours du temps, le savoir et les ressources dans un secteur bien choisi pour devenir un partenaire professionnel attractif pour l’entreprise. Il doit, pour ce faire, avoir une vision, un positionnement et une stratégie. Cela étant précisé, je dirais que pour consolider les liens entre l’entreprise et le laboratoire, il faudrait d’abord les accompagner pour se doter chacun des outils de partenariat nécessaires (capacité stratégique, capacité opérationnelle, structures et mécanismes d’accompagnement, d’interfaçage et d’incitation adaptés…), créer un environnement propice à l’innovation en réduisant les barrières dressées devant le partenariat et la valorisation (législatives, normatives, administratives…), former aux compétences et nouveaux métiers d’intermédiation, de marketing high tech, de réseautage, de management de brevets, etc.
􀀿 Faire piloter l’offre de recherche par la demande en créant des points de contact permanents entre l’université et le secteur (bureaux de transfert de technologie universitaires et industriels). On peut remarquer que ces dernières années, les contacts répétés entre les différentes communautés ont dégagé des motifs de satisfaction car il y a eu des initiatives des deux côtés pour collaborer, non sans difficultés. Il y a aussi des marges de progrès immenses, malheureusement freinées par des lenteurs dont le principal responsable est l’Etat qui n’arrive pas, malgré les efforts consentis et les acquis indéniables, à opérer une réforme profonde qui libère les énergies des deux côtés et montre la direction. Le 14 Janvier est aussi une date historique parce qu’elle rend ces défis possibles et même à la portée.

La Revue de l’Entreprise: Voulez-vous présenter à nos lecteurs le Système National d’Innovation (SNI) tel qu’il est conçu et mis en oeuvre en Tunisie?


M. Bahri Rezig: Le Système National d’Innovation est d’abord un système, c’est-à-dire «une construction intellectuelle ou physique formée d’éléments interactifs dont la cohérence est orientée vers un objectif ou mission à atteindre». Dans le cas d’espèce, les éléments sont des organismes (universités, centres de recherche, établissements d’enseignement et de recherche, écoles doctorales, centres techniques, technopoles et pôles de compétitivité, mais aussi des entreprises, des structures d’interface, des réseaux et des clusters), des mécanismes, des règles et des normes déployés et ayant une portée sur tout le territoire. Il est important de souligner que le système est défini surtout par ses capacités, la qualité des interactions entre ses composantes et l’objectif commun à atteindre. Sans cela, il n’est qu’une collection de composantes sans aucune efficience collective ni utilité stratégique.
En Tunisie, nous pouvons dire que nous commençons à peine à tracer les contours de notre SNI. Nous avons défini six piliers de «capacités» dont le développement aboutit à un SNI vigoureux et efficient: la capacité de Recherche et d’Innovation, la capacité en Ressources Humaines, la capacité entrepreuneuriale, la capacité de valorisation, la capacité d’absorption de la science et de la technologie et la capacité de mobilisation financière. Cette approche privilégie plus le «développement» que «l’inventaire», car le SNI est une entité complexe et dynamique qui ne s’accommode guère des bilans quantitatifs et des indicateurs simplistes. Cette vision permet, en outre, de canaliser les efforts des composantes dont ni le nombre ni la mission ne doivent être figés. Il faudrait ajouter que l’ANPR, de par son positionnement, adopte une démarche systémique en intervenant sur:
􀀿 Le système pour renforcer les synergies et interactions entre ses composantes.
􀀿 Les composantes pour renforcer leurs capacités de valorisation et de transfert.
􀀿 L’environnement pour le rendre plus propice à l’innovation et à l’investissement dans la R&DI.

 
La Revue de l’Entreprise: Que nécessite la mise en oeuvre de ce grand chantier?


M. Bahri Rezig:  Il faudrait partir de quelques idées largement admises: Le développement de la recherche appliquée dépend de l’objectif assigné au secteur de la recherche et à l’université. Si la production de la science et la technologie doit avoir des retombées économiques significatives sur le citoyen tunisien, alors tout doit être fait pour faciliter l’insertion de ce secteur dans la logique socioéconomique par le biais du système national d’innovation. La bulle universitaire doit laisser la place à une université citoyenne, ouverte et efficiente (le premier vecteur de l’innovation est le diplômé de l’université). Dans cette vision, la recherche devrait faire l’objet d’un consensus républicain, autant que toute autre question de développement qui interpelle la société et détermine son devenir. Quant aux faiblesses de la recherche appliquée, elles sont systémiques et ne peuvent être appréciées en dehors de la politique industrielle du gouvernement et même sa politique de développement. Bien entendu, le couple université/entreprise forme l’axe stratégique autour duquel le SNI sera consolidé. Toutefois, il est clair que le «retard à l’allumage» ne sera pas réparé par des actions locales ou des réformes sectorielles même profondes, voire radicales et inédites, sans s’attaquer aux défaillances systémiques. On peut en citer les plus flagrantes:
􀀿 Les pesanteurs: L’inadéquation entre les règles et les normes administratives (rôdées pour une économie de subsistance) et les exigences d’une économie moderne et conquérante, adossée à une R&DI compétitive.
􀀿 La demande technologique: La faible capacité stratégique de l’Etat, comme de l’entreprise, ne permet pas de définir les besoins, de les formuler et d’en faire une demande pouvant appeler une offre précise. Les faibles investissements en R&DI en découlent et bloquent, en particulier, l’activité de recherche partenariale.
􀀿 Les sciences molles: La disqualification de notre modèle de développement n’est pas due uniquement à la pénurie des investissements directs extérieurs ou de brevets nationaux. La faible implication des sciences humaines et sociales, au sens large du terme, (incluant toutes les disciplines non technologiques appelées aussi sciences molles) est, à la fois, une cause et un effet d’une économie globalement non compétitive. Les sciences molles, présentes dans le champ managérial de l’entreprise, contribuent d’une manière déterminante à enrichir et diversifier l’économie, à ouvrir ou façonner les marchés, préparer le terrain aux nouvelles technologies et surtout à faire de la valorisation (commercialisation) des résultats de la recherche un succès. En somme, la mise en oeuvre de ce chantier nécessite une réforme systémique prenant à bras le corps non pas tous les problèmes, mais ceux les plus flagrants et dont la résolution répare les cercles vicieux en apportant des solutions bénéfiques pour le SNI et donc, pour le développement.
 
La Revue de l’Entreprise: Comment analysez-vous les différents processus de R&DI dans les industries, en Tunisie, entre la réalité et les ambitions futures?


M. Bahri Rezig:  Le slogan que prône l’ANPR est le suivant: «L’innovation comme mode de production et le partenariat comme mode de recherche», deux éléments d’une seule et même équation, celle du SNI. C’est que la compétitivité durable ne peut qu’être le fruit d’un processus d’innovation intégré dans le management de l’entreprise, y compris et surtout le management stratégique. L’entreprise tunisienne possède une avant-garde très motivée ayant une vision et une stratégie qui lui a permis d’intégrer des pratiques et des standards internationaux de management. De l’autre côté, la recherche tunisienne possède également un premier front de laboratoires rompus aux pratiques du partenariat, notamment international. Nous partirons donc de cette réalité pour amplifier ou créer des «success stories» de partenariats durables. Nous consoliderons le reste par des actions d’appui sur mesure par l’encouragement de la mobilité des chercheurs, d’interfaçage de proximité ou de renforcement de capacités. Bref, nous avons l’ambition d’entraîner aussi bien l’entreprise que l’université dans un cercle vertueux générateur de richesses et d’emplois.

La Revue de l’Entreprise: Les étapes du processus d’Innovation/Valorisation tiennent compte du volet «Financement». Quels sont les mécanismes de financement de la Recherche et de l’Innovation en Tunisie?


M. Bahri Rezig: Une expertise récente de la question du financement de la R&DI a inventorié une quinzaine de mécanismes de financement officiellement dédiés de près ou de loin à l’innovation dans l’entreprise. De l’autre côté, des résultats moins que modestes quant au bénéfice auprès des promoteurs de projets et d’entreprises innovants. Nonobstant les barrières classiques dressées devant l’octroi et la mise en oeuvre des subventions et incitations, deux défaillances originelles sont à souligner: d’une part, ces mécanismes sont essentiellement conçus pour une politique d’encou-ragement à la mise à niveau et à l’entrepreneuriat, et d’autre part, ils ne sont pas conçus dans une approche processus et encore moins sur un processus d’innovation. Ils sont donc compartimentés aux effets individuels modestes et à l’efficience stratégique nulle. Aussi, un dispositif cohérent de financement de l’innovation entreprenante doit-il être mis en place. Le processus d’innovation doit être démonté dans sa complexité et ses besoins identifiés, et des solutions de financement adaptées doivent être trouvées. La segmentation de ces besoins conduit à des produits finan-ciers mieux adaptés. Les besoins liés à l’incubation des projets innovants (prototypage, validation, lancement et protection) ne sont pas bien couverts par l’Etat. Ils correspondent à la phase d’après amorçage et constituent une vraie barrière à la valorisation des résultats de la recherche. Pour le reste, montage de projets, des capacités d’expertise pointue sont à développer pour aider les SICAR à évaluer les risques d’investissement liés aux technologies nouvelles. Une refonte de ces mécanismes est fort attendue. Ces derniers devraient être aussi souples qu’efficaces, mais surtout étroitement liés aux paradigmes du Système National d’Innovation en émergence.

N° 115 SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011

samedi 18 juin 2011

L'antichambre du Paradis...démocratique

18 Juin 2011. La Tunisie a passé son Bac et l'a brillament réussi. Ce n'était pas rien. Reste la grande récolte. ça viendra. Même l'été s'est mis de la partie et la situation climatique est revenue à la normale. Pendant ce temps, notre capitaine de fortune -provisoire- rame contre vents et marées et semble tenir le gouvernail. C'est peut être l'oeil de la tempête, ou le repos du guerrier. En tout cas une accalmie sur le front social et économique. ailleurs, il y a tout juste deux ou trois dictatures familiales qui, bien qu'averties à temps, n'ont pas trouvé de parade à la technique de déboulonnage tunisienne. Elles vacillent dans une situation désespérée en infligeant à leurs peuples des bains de sang sans précédents. La Tunisie ayant su  profiter de l'effet de  surprise, a administré une leçon magistrale de courage, de détermination et de perspicacité. Son cas, en fait, est non transposable. Comme dans le chaos, les conditions initiales sont déterminantes et, j'ajoute, non reproductibles.  Au rythmt où vont les choses le paterre sera astiqué avant le ramadan, inchallah.
ils se tournent déjà vers la Tunisie pour voir évoluer la phase II: La Transition démocratique.
Après des soubresauts et des transes sociaux et politiques manipulés par une main géante invisible évoquant tantôt des voisins jaloux, tantôt des anarchistes se cachant derrière des hordes de contestataires revendicatifs, tantôt des luttes tribales inédites qui jetaient aux visages du monde une Tunisie au bord de l'effondrement.économique et l'éclatement social
Soudain, la paix et la sérénité...Touchant du bois.  Bien sûr, entre temps, lune date consensuelle des élections de la constituante a été fixée. Ceux qui tenteraient de trouver une relation de cause à effet, risquent de se trouver pour leurs frais.